La fabrique selon Dides

MA FABRIQUE À M'EN FOUTRE

La fabrique selon Didés

La fabrique selon Didés


Voici l’organigramme que je mettrais en place sur les tisanes et cacahuètes toutes catégories confondues.

Un patron unique.

Une structure claire ne peut fonctionner qu’avec un seul directeur pour définir les grandes orientations stratégiques, et bien évidemment faire régner l’ordre, la rigueur. J’ai pu constater que durant le règne d’un certain nombre de patron, il était facile pour les tisanes de déléguer, de venir à pas d’heure... A chacun de comprendre mon allusion : oui il est du rôle du patron de mettre les limites.


La boite à tisane

Je diviserais leur nombre par deux. Une tisane devrait superviser deux magasins (surtout quand ils sont proche). Son rôle principal serait de se concentrer sur le management et la supervision des grandes lignes stratégiques transmises par le directeur et les responsables du siège, sans s'enliser dans des détails opérationnels. Mais oui, plus de temps avec la centrale éviterait certainement les problèmes que nous rencontrons avec leurs idées qui, il faut le reconnaître, sont de temps en temps farfelues. Quand je vois une tisane s’impliquer dans la mise en rayon, je ne peux m’empêcher de penser : cette main-d’œuvre coûte bien trop cher pour se consacrer à ce type de tâches. Il est vrai que cela a un effet positif sur la perception des collaborateurs, mais il faut limiter cette action. Le manager d’une équipe ne doit pas remplacer son collaborateur absent ; s'il le fait régulièrement, cela veut dire qu’il ne fait pas son travail et qu’il y a un manque de personnel. Le rôle d’un responsable est de dénoncer les incohérences qui perturbent le bon fonctionnement. Ce sont eux qui sont tout de même payés pour nous manager et apporter les solutions. Paradoxalement, lorsqu’un projet de réaménagement voit le jour, ce même chef de secteur semble briller par son absence. Trop souvent, nous subissons les changements sans même avoir connaissance des aménagements futurs. Je suis toujours étonné que, lors des changements importants comme une réimplantation, il n’y ait pas de réunion d'équipe. Pour moi, il est indispensable de rassembler tous les acteurs autour de la table, de présenter le projet, d’en expliquer les enjeux et de mettre en place un phasage clair et connu de tous. Aujourd’hui, il n’est pas rare que certaines tâches soient oubliées, ce qui entraîne des surcoûts évitables.

Prenons l’exemple du coin dédié à la rénovation énergétique :

  • La modification du plan du magasin a été négligée.

  • Les têtes de sprinkler n’ont pas été déplacées ni ajoutées.

  • L’électricité et l’informatique ne sont pas conformes, obligeant à utiliser des multiprises (ironiquement interdites par l’entreprise pour cause de risques d’incendie).

  • L’accès au bureau pour les personnes à mobilité réduite n’est pas adapté.

Ces erreurs s’accumulent, et ce ne sont que quelques exemples parmi tant d'autres. Résultat ? Des coûts toujours plus élevés, simplement parce que les projets ne sont ni anticipés, ni réfléchis dans leur ensemble. Il faut tout de même reconnaitre que depuis peu l'organisation reprend petit a petit.

Une question de leadership ? Le problème principal dans notre entreprise, c’est le management. Un chef de secteur qui demande à son collaborateur s’il « mérite » une augmentation individuelle montre bien où est le nœud du problème. C’est à lui de reconnaître les points forts de ses équipes, de juger leur valeur et de prendre ses responsabilités. S’il remplit correctement ses fonctions, il connaît la contribution de chacun et agit en conséquence. Lorsqu’il pose une telle question, cela reflète une absence de présence et de leadership. Pire encore, cela remet en question sa légitimité en tant que manager. Qui dirige vraiment dans cette relation ? Et lorsque j’entends un chef justifier l’absence d’augmentation en évoquant une charge salariale trop élevée ou en pointant du doigt des collaborateurs « trop payés », je ne peux que me dire : ce n’est pas au salarié de payer le prix d’une mauvaise gestion. Il y a quelques années, une Tisane a laissé traîner dans une photocopieuse une liste des salaires du personnel. J’ai gardé le silence à l’époque, mais le souvenir est resté. Alors, quand un chef me parle de salaire aujourd’hui, je ne peux que penser : « Eh bien, qu’il commence par balayer devant sa porte ! ». En des termes plus directs – et avec une diplomatie teintée d’ironie – je ne peux que me demander : « Mais bon sang, ce sont eux qui nous dirigent ? ».

Je n’ai pas pour habitude de jouer aux jeux, mais si je devais faire un tiercé gagnant sur ma boîte à Tisanes pour designer le plus apprécier de tous , mon pronostic serait le suivant.

Le cheval gagnant, c’est ce bon vieux canasson, trente sept ans d'expérience. Eh oui, souvenez-vous du type de l’autre côté de la route — ce connard attachant que tout le monde apprécie, et avec qui on replongerait sans hésiter. Toujours là, toujours serviable, discret, et capable de balancer une blague à deux balles à tout moment… un peu comme moi, finalement. Mais voilà qu’un banquier ambitieux s’est mis en selle. Il avance bien, mine de rien. À force de persévérance, il grappille du terrain et se retrouve maintenant à quelques centimètres à peine derrière le vieux canasson. Faut dire qu’il a encore la fougue du jeune étalon en pleine course. En deuxième et troisième place… ben, je ne sais pas trop. Nous avons trois nouveaux arrivés. Parmi eux, il y a deux moutons et, dans ce trio, il y a certainement un prometteur. Nous avons aussi, dans le même panier, le monsieur qui, comme moi, devrait avoir une trottinette, car les équipes ne sont pas toutes proches. Il faut reconnaître qu’il est plutôt sympa, enfin, moi, je l’apprécie bien, personnellement. Oui, oui, celui qui s’est fait avoir ( je vais pas utiliser un terme vulgaire pour dire qu’il c’est fait fister) par notre ancienne tisane, qui, elle-même, a fini par nous quitter rapidement. Nous avons tous lu le mail que la tisane avait envoyé par accident à tout le personnel. Sur ce sujet, ça en dit beaucoup sur nos dirigeants… mais bon, l’erreur est humaine.

Pour les autres tisanes, ben… je suis un peu perdue. En écoutant les équipes, ce n’est pas très glorieux : elles ne sont pas spécialement appréciées. Souvent absents, pas dispos, pas à l’écoute, ne font pas leur taf, délèguent toujours en faisant simple. Faut dire que chez nous, ceux qui mériteraient de grandir doivent quitter le quartier, faire leurs preuves ailleurs et, comme par miracle, progressent hiérarchiquement. Par contre, nous sommes forts pour créer des soi-disant cadres prometteurs qui finissent par se faire virer dans un autre magasin. Ben merde alors ! Pour une boîte à tisane censée nous faire progresser et gagner de l’argent, ce n’est pas le top… Ne me prenez pas trop au sérieux, car je reconnais que je suis certainement la plus nouille de tous.

Une cacahuète par rayon

À l’heure actuelle, cette Boîte de Cacahuètes effectue le travail que faisaient les chefs de secteur il y a quinze ans. Cette charge supplémentaire doit être reconnue et mieux encadrée. Je pense que, dans le lot, il peut y avoir de bons pieds, mais je ne suis pas sûr que vous ayez les compétences pour déterminer qui sont ils vraiment.

Des esclaves qualifiés

Je n'augmenterais pas leur nombre, mais surtout, je mettrais l’accent sur des compétences métier spécifiques en recrutant de vrais professionnels (électriciens, carreleurs, maçons, etc.) comme c'était le cas avant. Ces experts apporteraient une réelle valeur ajoutée grâce à leur expérience et leur savoir-faire. Ils seraient peut être moins compétents dans la vente, mais un client qui a des besoins techniques y trouverait son compte. A ce jour, nous ne savons pas recruter. Mais faut il encore nous donner les moyens financier pour embaucher des employées motivés. Pour la logistique, vous devriez vous mettre a leur place et accepteriez vous de faire leurs travail pour 1500 euros par mois? cela m'étonnerait. (Voici un lien sur ma vision du travail pour tous, " La valeur du travail " )

La nécessité d’avoir des experts

Au cours des deux dernières années, j’ai entièrement revu le système de chauffage, d’isolation, de sanitaires et d’électricité de ma maison, datant des années 1990, pour la transformer en une habitation auto-consommatrice. Je suis convaincu d’être en bonne voie pour réussir ce défi, même s’il reste encore quelques aménagements à réaliser. Je peux déjà dire que j’ai franchi des étapes importantes : le gaz de ville est coupé, la problématique de l’eau est résolue, et la coupure électrique est prévue pour bientôt. Vous souriez peut-être, mais ce projet, je ne le mène pas pour moi. Je le fais avant tout pour mes enfants, afin de leur montrer qu’avec de la volonté, rien n’est impossible. Mais revenons-en à l’essentiel. Je vais vous expliquer les défis techniques que j’ai rencontrés.

Le chauffage.

Pour mon système de chauffage, je cherchais des infos sur l’installation d’un poêle bouilleur. À ma grande surprise, personne dans ma fabrique n’a été capable de m’expliquer clairement comment ça fonctionne. Non seulement je n’ai rien appris, mais on m’a même raconté quelques absurdités. Et pourtant, c’est simple : le principe est comparable à un chauffage au gaz avec radiateurs à eau. Rien de sorcier. Résultat : j’ai fini par acheter mon poêle chez un concurrent pour 2 000 euros. Je me suis aussi renseigné sur les filtres à particules à installer sur le conduit de fumée. Ben oui, je fais attention à ce que je rejette dans l’atmosphère — et la stratosphère — pour les poumons de mes enfants… mais aussi les vôtres. Re-belote : aucune réponse de ma fabrique. Achat chez un autre concurrent : 600 euros.

L'électricité

Concernant l’électricité, et plus précisément les panneaux solaires, j’ai été confronté au même problème : un manque criant de connaissance sur leur fonctionnement et leur installation. Pourtant, les équipements existent et sont disponibles en magasin. Cette situation m’a laissé perplexe : nous semblons toujours avoir un train de retard sur les innovations, un peu comme les lois votées sont souvent en retard et dépassées par les réalités de notre mode de vie. Finalement, j’ai acheté pour 7 000 euros de panneaux solaires auprès d’un fabricant de la région. Certes, c’était bien plus cher que la moyenne, mais au moins je pouvais compter sur la qualité des produits français (même si la qualité française  n’existe pas vraiment) et sur des renseignements techniques. Entre nous, je me faisais plaisir avec un produit de chez nous. Une empreinte carbone légèrement moins importante que des exportations chinoises. Je ne rejette pas la faute aux cacahuètes ou aux exclaves mais surtout a la boite à tisane qui sont la pour évaluer les besoin en compétences du terrain.

Pour l’anecdote, j’avais déjà fait un achat de panneaux solaires longtemps avant. J’étais novice, et au magasin, les compétences n’étaient pas au rendez-vous. Ce n’est pas que mes collègues étaient incompétents, non… mais personne ne prend le temps de leur expliquer. Et puis, bien sûr, les fiches techniques ne suffisent pas à tout comprendre. Souvenez-vous, quand j’étais dans le rayon « carrelage », le collègue qui n’était pas du métier venait me voir pour expliquer à toute l’équipe comment il fallait faire. Oui, je sais, votre « centrale à idées » fume. Mais bon, passons. J’avais commandé mes premiers panneaux en 2022, installés en 2024. Croyez-moi, la technologie a bien évolué depuis. Satisfait de mon achat, et je vous avoue qu’à ce moment-là, mon rêve était de faire couper l’électricité de ma maison. Vous savez, la pub, cette maison 100% autonome, c'était vraiment impressionnant. Mais pour y arriver, il me fallait des panneaux supplémentaires.

Pensant que la fabrique, avec son stock, allait être la solution, je me suis mis à vérifier la disponibilité. Mais, malheur ! Ce n’étaient que des panneaux chinois, et en plus, ils n’avaient pas la même dimension ni la même qualité que ceux que je voulais. Au cours de ma recherche, je me suis rendu compte qu’un des kits était incomplet. Le colis manquait un micro-onduleur. Et là, surprise : depuis le début d’année, le sous rayon photovoltaïque n’était plus géré par le rayon « électricité », mais par le rayon « confort ». Le rayon « confort » a été mis au parfum sur le kit incomplet et n’a pas voulu gérer le problème du kit. À préciser : le kit était en parfait état de marche, sans la moindre rayure ni choc. Vous imaginez ? Il suffisait de trouver un micro-onduleur, et ce kit aurait fonctionné parfaitement. Le coût d’un micro-onduleur pour les 4 panneaux est d’environ 250 euros. Et qu’en ont-ils fait ? Ils l’ont jeté. À la benne. Je vous laisse imaginer les messages que le rayon « électricité » a reçus du rayon « chauffage ». C’est là que je comprends que nous sommes tous des concurrents. La famille dit "un pour tous et tous pour un", mais ce n'est pas de rigueur aujourd'hui. Le pire dans toute cette affaire, c’est qu’on jette du matériel qui ne le mérite pas. Ce gaspillage, est inacceptable selon mes valeurs.

Alors aujourd’hui, pour la première fois, je vous le dis, en pesant mes mots et le plus respectueusement possible : vous êtes des irréfléchies. Si j’avais le pouvoir, je vous logerais dans une grotte. Ne faites surtout pas la leçon à vos enfants, et commencez par vous regarder dans un miroir. Arrêtez de vous concentrer sur les petits bobos qu’ils se font en tombant, et préparez-les plutôt à survivre dans le monde que vous leur préparez.

L’isolation (une expérience plus satisfaisante)

Pour l’isolation extérieure, j’ai obtenu des réponses plutôt satisfaisantes grâce à un collègue expérimenté. Ses explications, bien qu’approximatives parfois, m’ont permis d’avancer. Ironiquement, c’était le plus ancien de l’équipe, et pourtant sa réputation n’est pas toujours flatteuse. Achat au magasin 2 500 euros.

La cuisine

Pour ma cuisine, j’ai passé cinq heures avec un conseiller, sans être interrompu. J’ai probablement eu de la chance, car il est rare de bénéficier d’une telle disponibilité un samedi. Ce conseiller a non seulement été à l’écoute, mais il m’a également proposé des solutions pertinentes, que ce soit en termes de produits ou d’installation. Sa maîtrise technique et sa connaissance des méthodes de pose m’ont convaincu, à tel point que j’ai signé une commande de 8 000 euros. Ah, j’ai oublié de préciser que j’ai acheté cette cuisine chez un concurrent ! Dans notre magasin, la réputation n’est pas des plus flatteuse. Par exemple, un collaborateur qui avait acheté sa cuisine chez nous et fait appel à un de nos poseurs pour le montage en a été déçu. Il a tout de même obtenu une ristourne de plus de 1 000 euros. Un autre collègue, après une commande laborieuse de quelques meubles, a reçu des produits qui n’étaient pas aux bonnes dimensions. J'arrête sur ces deux cas, car la liste est longue. Pour ma part, je ne cherchais pas une remise, mais simplement une cuisine qui corresponde à mes besoins. Quand j’ai expliqué les raisons qui m’ont poussé à acheter chez le concurrent, personne ne m’a vraiment écouté pour essayer de comprendre comment fonctionne leurs méthodes de vente ou en quoi ils se démarquent.

Combien coûte un con

À la question universelle et pourtant délicieusement provocante « Combien coûte un con ? », je dois admettre avoir oublié de préciser le tarif durant mon récit trépidant. Pas de panique, j’y remédie, à partir de quand considérez-vous qu’il y a un feu ?. Personnellement, je pars du principe que là où il y a de la fumée, il y a un feu. Et soyons honnêtes, ce n’est jamais facile de dire à quelqu’un en face ce qu’on pense vraiment. (Surtout quand la fumée vient de son cerveau en surchauffe après une blague qu’il n’a pas comprise.) Alors, pour trouver la réponse à cette question, pas besoin de calculs savants ou de débats philosophiques interminables : jetez un œil dans votre poubelle. Oui, oui, allez-y. Si vous y trouvez un miroir... eh bien, le mystère est résolu. 😏

Conclusion : repenser les compétences

Le problème, à mon sens, ne réside pas uniquement dans un manque de connaissances individuelles chez mes collègues. Le fait qu’on leur demande de tout maîtriser est impossible. Il est impératif de repenser cette approche, de mettre fin à cette dispersion des connaissances, et de leur offrir des outils ainsi que des formations adaptées pour qu'ils puissent exceller dans leurs domaines respectifs. Celas est valable pour les conseillers de ventes, mais aussi pour la boite a tisane, vous avez tendance a oublier que votre rôle est bien la. C'est a vous la boite a tisane de vous imposer et faire bloc devant certaines pratiques. Vous êtes payée pour ça...

Personnellement, je suis entré dans la fabrique en 1988. À cette époque, nous avions un professionnel de métier dans chaque rayon. Moi-même, je suis carreleur. Dès qu'il y avait besoin de fournir un renseignement technique, je prenais le relais et, en coulisses, j'expliquais à mes collègues comment il fallait faire. Aujourd’hui, il n’y a plus de professionnels. Je me souviens d’un collègue, vendeur sans expérience, qui m’a dit être devenu carreleur après une formation d’une semaine. Lui en une semaine, alors que j’ai passé trois années sur les chantiers et en lycée professionnel. Cherchez l’erreur. Ça se saurait si pour devenir un pro, une semaine suffisait. Alors, mesdames et messieurs de la Boîte à Tisanes, posez-vous les bonnes questions. Vous avez autour de vous de très bons éléments ( ok... des mauvais aussi), prenez le temps de les écouter. Lors de la dernière assemblée générale, j’ai entendu une personne d’une trentaine d’années parler des améliorations à mettre en place. Cela m’a fait sourire, car vous restez toujours perchés sur des idées « à la con », à vous compliquer l’esprit inutilement. Vous n'êtes pas source d'idées, vous êtes des moutons. Pour faire du chiffre, il faut respecter quatre principes essentiels : les 4 P — Plein, Prix, Propre et Présent.
Avec ça, vous jouez déjà du violon. Mais avec la présence d’un professionnel dans chaque rayon, vous pouvez carrément passer au banjo : une musique plus festive, avec une corde en plus — le C comme Connaissance.

Le top, ce serait d’avoir six cordes, comme une guitare…Mais pour ça, vous n’êtes pas encore prêts.

Pour être clair : je ne me contente pas de critiquer. Je suis également force de proposition. Mais avec les années, c’est vous qui m’avez façonné ainsi. Aujourd’hui, je suis perdu par vos faits non réfléchis ou par votre manque de sérieux quand il s’agit de prendre vos responsabilités. Vous ne respectez pas grand-chose (les orientations et règlement de la société). Si j’en avais le pouvoir, certains d’entre vous ne seraient plus présents. Prenons un exemple : une personne qui après 25 années d’entreprise a fini par se faire virer par sa supérieure qui, elle-même ne valait pas mieux, pour un coût d’environ 100 000 euros (selon mes radars internes, nous avons tous payé un peu). Demandez-vous combien de salariés sont rentrés chez eux les larmes aux yeux à cause de ces deux personnes ? Combien en avez-vous poussés à la démission ? Et combien ont fait une dépression ? N'imaginez pas que cela n’arrive plus, car il n'y a pas si longtemps nous avions un responsable de rayon à la limite de tomber dans le gouffre ou le volcan. Vous auriez dû faire votre travail et non esquiver, n'oubliez pas que vous êtes les sentinelles de notre quotidien. Je suis le résultat de vos comportements. Alors ne vous plaignez pas.

Depuis vingt ans, mon poste a évolué au point que sa véritable fonction semble s’être perdue en chemin. En réalité, je pense qu’elle n’a jamais été clairement définie, ni pour moi, ni pour vous, ni pour quiconque. C’est un peu comme dans certaines administrations, où, à un moment donné, une erreur de transmission fait que tout dévie et personne ne prend le temps de rectifier le tir.

Je suis rattaché au banquier de ma fabrique, ce qui me semble une erreur de structure. Certes, j’ai toujours eu des « banquiers » qui me faisaient confiance, souvent parce qu’ils n’avaient pas la connaissance du terrain et que le temps, comme chacun sait, n’est pas extensible. Il est vrai que je suis autonome, consciencieux, sympathique et que je connais bien mon travail. Mais bon, passons… Je vous le rappelle car, parfois, vous avez tendance à l’oublier. Cette organisation n’a pas beaucoup de sens, et je suis convaincu que ma fonction ne devrait pas être rattachée à celle du « banquier » qui paie les factures. Même si notre banquier connaît bien le terrain et fait preuve de bonne volonté (je ne suis pas certain que vous en soyez pleinement conscients), le temps lui est aussi compté (c'est un jeune étalon en pleine compétition !). Suivre le bon déroulement des opérations de maintenance et garantir les différents contrôles obligatoires demandent une attention constante et du temps, du temps qu’il n’a pas toujours.

Je prends pour exemple la fabrique située dans le Nord. Nous avons un homme d’entretien qui, en plus de ses tâches habituelles a la fonction de chargé sécurité pendant ses moments libres. Cela dis il n'a pas le titre. Il est clairement en surcharge, ce qui commence à affecter sérieusement sa santé mentale (vous êtes désormais au courant qu’il ne va pas bien). Ce n’est malheureusement pas un cas isolé. Dans cette fabrique, c’est aussi le « banquier » de la fabrique qui décide, selon les finances, de ce qui peut être fait ou non, y compris en matière de sécurité. Certaines obligations ne sont pas négociables et peu importe le budget. La fabrique dans sa globalité investit massivement pour garder ses fabriques en bon état et prolonger leur durée d’exploitation. Pensez-vous que la fabrique du Nord met tout en œuvre pour conserver correctement ses équipements en bonne état ? pour la sécurité des biens et des personnes? La réponse est non, ou pas toujours. Les essais du sprinkler ne sont pas réalisés régulièrement. En cas d’incendie, qui se retrouvera devant le juge pour définir les responsabilités de chacun. Eh bien, ce sera, le chef de la fabrique, le banquier et certainement le chef de tous les chefs. Une fabrique qui brûle, ça n’arrive pas tous les jours, mais dans la principauté de Monaco, il a brûlé une première fois en 1987, et il ne manquait pas grand-chose pour une récidive 2019. Il suffit d'un seul accident pour que les beaux projets d'un chef de fabrique ne parte en fumée. N'oublions pas que la fabrique du sud du haut Rhin est passé à coté d'un accident mortel. Peu importe la taille du magasin, les risques existent partout. À mon sens, il est plus que nécessaire de revoir l’organigramme et de rattacher directement cette fonction au responsable sécurité régional et non au banquier. un poste exclusivement dédié à la sécurité et à la maintenance des locaux? je ne parle pas de l'entretien des aménagements des rayons. Dans les fabriques, il y a une erreur fondamentale : nous, les chargés d’entretiens et de sécurités, ne devons pas être perçus comme de simples exécutants. Nous sommes, en réalité, la ceinture de sécurité de tous, et plus particulièrement de notre chef (à bon entendeur).

Un autre problème majeur réside dans la confusion des responsabilités. On nous demande à tous de gérer la sécurité, mais cela brouille les rôles et les actions. Il n’est pas rare d’entendre parler d’initiatives de sécurité dont je n’ai même pas eu vent. La quatrième erreur, c’est que l’on confond trop souvent « faire de la sécurité » et « travailler en sécurité ». Prenons un exemple concret : un collègue en cuisine s’est pris un fond de gondole sur le nez. Heureusement, l’incident n’a pas eu de conséquences graves, mais il aurait pu se prendre un choc à la tête et subir une commotion. Pourtant, il respectait les consignes de sécurité. Pas de chance… Je pense que ce n’est pas qu’une question de chance. La chance, ça se provoque, ça ne tombe pas du ciel. À mon avis, il aurait dû porter un casque en attendant que les modifications de l’agencement soient terminées. Cela montre bien la différence entre connaître les règles de sécurité et les appliquer correctement en fonction des risques et des situations (souvenez vous le sketsch des vestiaires).

Passons maintenant au secteur des tiroirs-caisses et comparons les tâches qui leur sont demandées. Le secteur des reprises, SAV et retrait est un domaine qui exige une certaine flexibilité et une grande connaissance des règles de travail. En quelques mots, ce sont les Wonder Women du magasin, en comparaison avec les caisses de la fabrique, qui ressemblent davantage à un centre de vacances pour les caisses automatiques. Vous êtes vendeur et vous cassez un matériel pour 2000 euros ? Ce n’est pas bien, mais bon, vous le déstockez et hop, dans la poubelle et souvent pas dans la bonne. Quand vous êtes en caisse, vous avez toujours cette pression liée à l’argent qui manque. C’est épuisant, car si vous avez un écart de 200 euros sans explication, je ne suis pas sûr que vous reveniez le lendemain. Je ne vous parle pas des différentes actions quelles font avec le sourire.

Je pense également qu’il serait pertinent de réaliser un audit organisationnel, et pas seulement sur le secteur des tiroirs-caisses, mais sur tous les postes, afin de mieux comprendre les avantages et les inconvénients de chacun d’entre nous et réapprendre à mieux travailler ensemble. Mais bon, je ne vous ai rien soufflé à l’oreille.

Enfin, il est rare que l’on me convie à vos réunions pour discuter des aspects liés à l’entretien et à la sécurité de la fabrique. Pourtant, il serait logique que nous soyons tous concernés par les travaux réalisés dans les différents rayons, que ce soit en étant présents ou simplement impliqués.

Même si ce n’est pas mon rôle de faire, j’ai certainement celui de vous épauler afin d’éviter certains problèmes.

Je vais mettre de côté ma tisane du moment pour répondre à la question : « Qui a été mon banquier préféré ? ». Unanimement, c'est le fruit exotique. Il est arrivé dans notre fabrique un peu avant le début de la pandémie de Covid-19. Comme tout le monde, il a été plongé dans cet océan d'informations sur le « travailler chez nous » : des règles que nous connaissons tous plus ou moins, mais aussi celles qui ne se disent pas et qu'il faut deviner. Si je le préfère à tous les autres, c’est tout simplement parce qu’il s’est excusé de ne pas avoir compris que je n’allais pas bien lors d’un entretien (EDP). Ce geste témoigne de son côté humain et respectable. Il avait aussi la particularité d’être respectueux de notre environnement. Comme moi, il n’aimait pas jeter. Il arrivait à vendre sans problème ce que d'autres auraient mis à la poubelle, et souvent à un bon prix. Je ne parle pas seulement de ce qu’il m’a vendu, car d’autres en ont aussi profité. Il me semble d’ailleurs qu’il n’y avait pas plus de problèmes sur ce sujet à ce moment-là. Je ne sais pas s’il faisait parfaitement son travail, mais ce que je constate, c’est que rien ne s’est effondré durant les quatre années passées ensemble.

Prochainement épisode 11

L’épilogue