Les chroniques d'un cascadeur malgré lui.


Quand l’accident devient une leçon de vie
Tout au long de ma vie, j’ai connu des accidents. Certains légers, d’autres plus graves. Ils ont marqué des pauses brutales dans mon parcours, souvent inattendues, parfois douloureuses. À chaque fois, ils m’ont forcé à m’arrêter, à réfléchir, à revoir ma direction. Parfois, j’y ai trouvé un sens, une sorte d’alerte qui m’évitait peut-être pire. D’autres fois, je n’ai compris qu’après coup ce qu’ils m’avaient appris.
La notion d’accident est importante. Elle bouleverse le quotidien, nous confronte à notre vulnérabilité, à notre humanité. Elle nous rappelle que rien n’est jamais totalement sous contrôle. Mais au-delà de l’épreuve, l’accident peut aussi se révéler bienfaiteur. Il nous pousse à revoir nos priorités, à grandir, à nous réinventer. C’est souvent dans ces moments de rupture que j’ai senti une vraie transformation intérieure.
Il faut aussi le dire : l’accident, parfois, peut être rigolo. Un moment de gêne, une chute sans gravité, une situation cocasse qui fait rire après coup. Il y a dans certains incidents une forme d’absurdité légère qui nous aide à relativiser. Mais d'autres fois, l'accident est tragique, violent, injuste, laissant des marques profondes ou des absences irréparables. Il oscille entre ces deux pôles — le burlesque et le dramatique — selon sa gravité, et selon notre regard.
Il y a un autre aspect que je ne peux ignorer : l’accident fait mal, physiquement, mais aussi financièrement. Et c’est là que les choses se compliquent. Le monde moderne associe presque automatiquement l’accident à une question d’argent : soins, réparations, pertes, démarches administratives… Au lieu d’être reconnu comme une épreuve humaine, il devient un dossier, un coût, une charge. Cela ajoute une injustice supplémentaire, car à la douleur s’ajoute la pression matérielle. Et dans tous les cas, même avec de l’aide physique ou financière, le grand perdant reste toujours l’accidenté.
Et puis il y a la maladie. Pour moi, elle fait pleinement partie des accidents de la vie. Elle arrive sans prévenir, bouleverse notre équilibre, remet tout en question. Elle isole, inquiète, épuise. Mais elle peut aussi, à sa manière, réveiller quelque chose en nous : la patience, la force intérieure, l’envie de vivre autrement.
Aujourd’hui, je regarde ces accidents non pas comme des malédictions, mais comme des moments de vérité. Des appels à ralentir, à écouter, à comprendre. Des passages parfois rudes, parfois drôles, mais toujours porteurs de sens.