Ma fabrique à m'en foutre et l’écologie
MA FABRIQUE À M'EN FOUTRE
Ma fabrique à m'en foutre et l’écologie
Mon combat reste inchangé, avec une certaine intensité, face au gaspillage et aux produits dégradés ou non vendus. Et cela, j’y pense depuis le début dans l’entreprise. A l’époque, pour une seul fabrique à m'en foutre , il y avait plus d’un million de francs de marchandises jetées par an, car invendues, cassées ou volées. Pour moi, c’est un manque de respect envers soi-même, ça représente bien notre société de consommation. Mais cela faisait mon affaire, car je récupérais ce que je pouvais. Durant de nombreuses années, nous pouvions racheter à bas prix les produits destinés à la benne, sous contrôle du chef de secteur concerné. Mais voilà, certaines pratiques ont fini par disparaître car certains en profitaient un peu trop en s'arrangeant avec d’autres pour déclasser le produit. Entre nous, c'étais pas forcement le plus pauvre qui en profité. Actuellement, nous jetons pour plus de 300 000 euros de produits, et la collecte des déchets nous coûte environ 100 000 euros supplémentaires sur une année. Le problème des déchets ne suscite malheureusement que peu d’intérêt ; il n’a pas d’aspect valorisant et représente surtout un coût. Heureusement, des lois sont parfois votées pour obliger les entreprises à trier davantage, dans un souci de respect des générations futures – nos enfants et petits-enfants, ceux qui devront s'occuper de nous un jour.
L’entreprise, quant à elle, est en grande partie responsable de cette situation, car elle ne fournit pas les moyens nécessaires pour la résoudre d’un point de vue écologique. Mais aujourd’hui, nous ne pouvons plus dire « je ne savais pas ». Pour moi, le coût financier est secondaire, car ni les billets ni l’or ne sont comestibles. Je n’ai jamais abandonné mon engagement en faveur de la réduction des déchets et de la vente à prix réduit plutôt que du gaspillage. Mais tant que la direction ne s’investit pas davantage, la situation restera bloquée. Pour le moment, le tri des déchets est une responsabilité diffuse : personne n’en est vraiment responsable, pas même ceux qui devraient l’être. Il serait pertinent d’avoir une personne dédiée à la gestion des déchets. Et quand je parle d'une personne dédiée, je fais allusion à une personne convaincue du bien-fondé de cette mission et non d'une personne qui passait par là. Cela permettrait de résoudre bien des problèmes : un tri bien fait, des poubelles non débordantes, un espace de gestion des déchets sécurisé et sans risque d’accidents. Cela offrirait plus de calme et de sérénité au quotidien, réduirait les coûts et donnerait l'exemple à l’ensemble de la fabrique à m'en foutre. Je pense qu’une attitude du « bon père de famille » pourrait s’étendre et inspirer un comportement plus soigneux. Un tel environnement aurait un effet positif sur l’absentéisme et les accidents de travail, car un employé qui se sent bien dans son espace de travail est toujours plus motivé et souriant.
Je prends pour exemple un Mr. Tisane que personne ne pouvait encadrer, enfin surtout moi. Il n’avait rien d’écolo, pas une once de respect pour la planète, et pourtant, il avait réussi à se retrouver comme référent CSE. Je veux bien croire que cela lui a été imposé. À l’entendre, c’était Dieu le Père ! Il en parlait comme s'il en était le fondateur. Il est toujours injuste de faire un travail et de ne pas en avoir la reconnaissance (à me relire, je me rend compte que les convictions ne sont pas à la portée de tous et encore moins dans le fonctionnement de grandes entreprises).
Petite parenthèse. En 2021, notre mentor avait la charge du développement du RSE dans les fabriques à m'en foutre de la région. Probablement une belle occasion pour elle de se faire mousser, ce qui, au passage, s’est avéré payant par la suite. Pour la communication et le déploiement dans la fabrique à m'en foutre, c’était ce brave Mr. Tisane qui avait été choisi. Ce dernier, grand stratège, avait lui-même constitué une équipe dans la fabrique à m'en foutre pour s’en occuper. Il faut dire que déléguer est sans doute le sport favori de notre direction (ben oui, tout ce que vous ferez, je n’aurai pas besoin de le faire). Dans cette équipe triée sur le volet, je pense surtout à Mme Tisane. Une Mme Tisane qui, avec une patience infinie, avait passé des heures à fabriquer un poster géant en 3D expliquant le fonctionnement du RSE. Personnellement, je n’ai jamais vraiment compris ce qu’elle voulait exprimer avec ce chef-d’œuvre, mais il faut reconnaître qu’elle avait du mérite. En plus de ses tâches quotidiennes au SAV, elle y avait consacré énormément de temps (ah oui, je ne vous ai pas encore raconté comment se déroulent les différents ateliers qu’on nous impose… mais patience, j’y viendrai). Il y avait aussi une deuxième Mme Tisane, du SAV, une écologiste dans l’âme. Alors oui, elle est un peu « soûlante » parfois – en fait, c’était moi puissance 10. Mais Mr. Tisane a eu du flair en l’intégrant dans l’équipe. Enfin, non… soyons honnêtes : c’est elle qui s’est spontanément proposée. Une vraie aubaine pour lui, car elle était probablement la mieux placée pour parler du sujet. Mme Tisane a donc bossé dur, notamment sur une présentation du RSE à destination de la direction France. Résultat ? Après sa brillante intervention, notre mentor l’a couverte d’éloges et de remerciements.
Mais voilà où le bât blesse : ce sont toujours les cadres qui récoltent les véritables retombées économiques de ce genre de projet. Ceux et celles qui y mettent toute leur énergie et leurs convictions ? Eux, ils se contentent des miettes. Une fois de plus, l’ouvrier se fait avoir. Pourtant les cadres d'aujourd'hui étaient les ouvriers d'hier, et malgré tout, ils oublient très rapidement ceux d'en bas.
Tout au long de l’année, on nous demande aussi de participer à divers ateliers pour « faire vivre la fabrique à m'en foutre » auprès des clients et soigner son image. Par exemple, il y avait cette fameuse « soirée filles » avec des ateliers comme « Comment fabriquer une lampe ». En fin de soirée, chaque cliente repartait souvent avec son objet fait main. Il faut l’admettre, c’était plutôt convivial, aussi bien pour les clientes que pour les employés. Cependant, pour que tout se passe bien, il fallait du travail en amont. Et ce travail était pris sur notre temps de travail, bien sûr, ce qui signifiait que le reste de l’équipe devait compenser. Mais au final, l’entreprise s’en sortait à merveille : une belle promotion à moindre coût. Imaginez le prix d’un animateur extérieur pour chaque atelier (une dizaine au total) ! Ils ont toujours su comment rentabiliser nos hobbies au profit des actionnaires. Malheureusement, ces actions n’ont pas été reconnues lors de nos EDP.
Le monde est ainsi fait : les lauriers finissent toujours par orner la coiffe du supérieur. Surtout quand ce dernier a la fâcheuse habitude de s’approprier le travail des autres dès que ça peut lui rapporter du prestige. On en connaît tous un, n’est-ce pas ? Sur le terrain, la situation frôlait l’absurde : les poubelles débordaient à une vitesse folle. Chauffages, climatiseurs, radiateurs, sacs de pellets… tout y passait ! Et pourtant, ces articles auraient pu être vendus. Mais non, tout était systématiquement jeté. J’ai essayé plusieurs fois de poser LA question qui fâche : « Pourquoi on ne pourrait pas vendre ces produits au lieu de les jeter ? ». Et là, toujours la même réponse : « Ce n’est pas autorisé. La société dit qu’ils sont inutilisables ». Mensonge, car je sais que certaines fabrique à m'en foutre vendent à bas prix beaucoup plus que nous. Un argument en béton… mais du béton poreux. Rien que pour l’impact financier, ça aurait mérité réflexion. Mais non, aucune remise en question. C’est là que j’ai compris à qui j’avais affaire : un mélange de soumission aveugle, d’absence d’initiative… et, il faut bien le dire, d’un brin de bêtise. Un cocktail explosif qui semble terriblement courant aujourd’hui. Face à ce genre de mentalité, que voulez-vous faire ? À part tenter de sauver quelques articles de la benne, il n’y a pas grand-chose à faire. Mais cette absurdité m’a poussé à une réflexion existentielle: combien coûte un con ? En cherchant un peu, on tombe sur des théories fascinantes que je vous expliquerais plus tard mais commençons par une question simple comme: de quoi est composé un con ?. La composition d’un con serait un mélange bien dosé :
Un tiers génétique (merci, l’héritage familial),
Un tiers dû à notre quotidien (merci, la société),
Et un dernier tiers alimenté par notre ego (merci, nous-mêmes).
En conclusion, nous sommes, à des degrés divers, tous le « con » de quelqu’un. Et si on ne fait pas d’efforts pour contrer cette tendance, les générations futures risquent de finir avec un pourcentage d’ADN « con » qui dépasse les 50%. Une belle évolution, non ?
Pendant un temps, je récupérais des sacs de pellets légèrement abîmés ou qui avaient pris légèrement l’eau. Pour chacun des achats que je faisais avec une remise défiant toute concurrence, je faisais signer le bon par mon ancien responsable. J’en ai récupéré pour moi et pour une personne en difficulté financière, à qui je les offrais. Je vous rassure, le pellet était trié un peu et il brûlait très bien, le poêle fonctionne toujours. A écouter certains collègues, il ne faut pas le faire, car cela entraine des problèmes de fonctionnement. J’en déduis que sur ce coup-là, ce sont des moutons aveugle. Des pellets, il s’en jette encore, beaucoup par mois. Mais depuis, je n’en récupère plus pour éviter les problèmes. Personnellement, je n’en ai pas un besoin immense : je me chauffe au bois. Les pellets, c’est juste pour du dépannage. J’ai besoin d'une trentaine de sacs par an, à raison de 5 euros le sac. Pas la peine d’en faire toute une affaire. La personne la plus pénalisée, c’est celle à qui je donnais une partie de ma récolte. Mais ça, les gens s’en fichent : égoïsme ou conformisme, peu importe, le résultat est le même.
L’histoire ne s'arrête pas là. Je reconnais que j’ai une sorte d’attachement à ne rien jeter ; c’est ma manière de fonctionner. N’ayant pas beaucoup de moyens, mon intérêt pour la récupération vient sûrement de mon éducation et d’une certaine peur de l’avenir. Je ne gagne pas de sommes énormes, et pour maintenir un niveau de vie convenable, je dois savoir me débrouiller, car je ne peux pas compter sur les autres. Il y a aussi l’exemple que je souhaite donner à mes enfants, et peut-être, si l'avenir le permet, aux générations futures. Sans en être totalement conscient, je pense que nous ressentons tous que notre mode de vie atteint ses limites. Je ne sais pas quand le point de rupture sera atteint, mais je suis convaincu qu’il arrivera tôt ou tard. Nous appartenons à une génération qui n’a pas cherché à préserver les générations futures. Par mes choix, j’apprends donc doucement à mes enfants l’importance de la débrouille, pas seulement au travail, mais aussi à la maison et dans tous les aspects de la vie quotidienne.
J’imagine qu’une rupture de notre modèle actuel pourrait survenir assez rapidement, dans une vingtaine ou une trentaine d’années. Quand cela commencera, il faudra être prêt. Pour conclure sur ce point, je crois également que ce ne seront pas les plus riches qui s’en sortiront le mieux, mais ceux qui sauront se débrouiller et faire preuve d’ingéniosité. Qui aurait pu imaginer que le monde entier serait confiné pendant des semaines, voire des mois ? Ne sommes-nous pas déjà aux prémices d’une fin annoncée ?
Le sac de pellets, quand je le vois dans la benne, il m'appelle au secours. J’avais pris l’habitude de les mettre de côté dans un chariot, et quand il était rempli, je mettais une annonce dans notre « Bon Coin » (une sorte de « Bon Coin » réservé aux collaborateurs de notre fabrique à m'en foutre). Personnellement, j’en avais suffisamment pour l’hiver, donc je me disais que cela pourrait intéresser d'autres personnes. Bien évidemment, le rayon devait valider la vente, je ne pouvais pas le faire moi-même. Et c’est là que l’un de mes supérieurs est intervenu en me faisant une remarque que je ne pouvais accepter sans rechigner. J’avais l’impression d’être traité comme un magouilleur ou un voleur, et je n’ai pas hésité à lui répondre. J’ai appris deux ans plus tard qu’il avait fait vérifier tous mes tickets de caisse par la responsable du rayon. Quelle bande de clowns ! Mon chef de secteur me demande de chercher une fraude chez un collaborateur ? Eh bien, qu’il le fasse lui-même. Au fond de moi, je rigolais, car sur ce point-là, je suis plutôt réglo. J’ai des défauts, mais pas celui-là. Les achats que je fais avec des remises de vente exceptionnelles sont contresignés par le responsable du rayon. Que ce chef de secteur ait finalement quitté la fabrique à m'en foutre est à mon avis une bonne chose.
Et Mr. Cacahuète, alors ? Ce jaloux me critiquait dans mon dos parce que je récupérais les sacs de pellets. Au lieu de venir me voir ou de faire comme moi, il préférait critiquer. J’ai fait la démarche de le regarder dans les yeux devant tout le monde et lui ai dit que c'était un con frustré. Je ne lui en veux pas plus que ça, j’imagine qu’il a certainement une vie de merde. Les sacs de pellets, tout le monde les voyait dans la benne, mais personne ne se donnait la peine de les récupérer ni d’aller demander au rayon pour pouvoir les racheter. Je lui ai finalement dit que son attitude était misérable : il n’avait qu’à se bouger et trouver une solution avec le rayon, au lieu de critiquer. Mais la responsable du rayon, frustrée de ne pas pouvoir récupérer les pellets elle aussi, a fini par tout jeter. Résultat : moi, je brûle mes 30 sacs de pellets pour passer l’hiver, et la personne qui bénéficiait de mon aide ne peut plus se chauffer faute de moyens financiers. Mes collègues jaloux, eux, se retrouvent à payer plein pot. Au final, c’est toujours la poubelle qui « profite » d’un produit encore parfaitement utilisable. Je ne peux pas rester sans rien dire. Lors d’une réunion, quand on nous a annoncé que le trimestre était mauvais et qu’on n’aurait pas de prime, j’ai tenté d’illustrer la bêtise en prenant l’exemple d’une pomme légèrement abîmée : soit on la jette, soit on coupe la partie abîmée et on mange le reste. On m’a applaudi, mais les sacs de pellets finissent toujours à la benne. Dans d'autre fabrique à m'en foutre, un sac de pellets un peu déchiré ou mouillé est systématiquement vendu. Je ne comprends pas pourquoi ce n’est pas le cas chez nous. À part le fait qu’on a affaire à des gens sans respect, pleurnichards et jaloux. En 200 ans, on s’est mis dans une situation où l’extinction de l’humanité est proche. Alors oui, les pellets, ça ne pèse pas grand-chose dans la balance, mais c’est l’accumulation de ces petits gestes inutiles qui fait de nous des moutons et des esclaves. Il y aurait tant à dire sur chacun de nous. Je ne suis pas un « super écolo », mais j’essaie au moins de limiter les dégâts. Comment voulez-vous avancer avec de telles attitudes de gamins ? Mr. Cacahuète demande à évoluer comme chef de secteur, faut pas s’étonner si tout s’écroule après.
Je dois reconnaître que, depuis cet incident, les dons à Emmaüs ont augmenté. La plupart des marchandises encore vendables, qui étaient auparavant jetées, sont désormais offertes. Certes, l'entreprise récupère probablement ces dons sur une ligne comptable, comme celle des déductions fiscales, mais l'effort est là. Merci à cet inconnu qui, bien qu’il ne soit certainement pas le responsable de la logistique, a permis ce changement. On entend souvent dire que nous sommes une grande famille. Eh bien, mince alors, on n’a clairement pas tous la même définition de « famille » ! Pourquoi ne pas vendre les sacs de pellets au personnel, franchement ? L’excuse du style « On ne vend pas au personnel pour éviter les vols ou les magouilles », ça ne tient pas la route. Vos façons de faire poussent justement à la magouille. À bon entendeur.
Si vous ne comprenez toujours pas l’importance de ne pas jeter, alors peut-être serez-vous plus attentifs après avoir lu cette histoire. Oui, c’est un véritable sujet d’école. Il était une fois un homme qui, comme beaucoup d’entre nous, consommait selon les moyens financiers dont il disposait. Il essayait d’arrondir ses fins de mois avec un peu de travail au noir et de la récupération ici et là. C’était un homme qui croquait la vie à pleines dents (même si, pour être honnête, il ne lui en restait plus beaucoup). Un peu de fumette, un peu d’alcool... un peu de tout, quoi. À l’aube de ses quarante ans, il tombe malade et finit hospitalisé. Après de nombreux examens, radios et scanners, le diagnostic tombe. « Un instant, Monsieur. Le chirurgien arrive tout de suite », lui dit-on à la radiologie. Autant vous dire que les minutes qui ont suivi lui ont paru interminables. Durant cette attente, sa vie a défilé devant ses yeux. Il se croyait à la fin. Avant même que le chirurgien ne parle, cet homme avait tiré ses propres conclusions : rien ne resterait de son passage sur Terre, à l’exception de ses deux enfants. Il se souvenait des nombreux actes de non-respect envers Gaïa, notre planète. Pas de souvenirs marquants à laisser derrière lui, juste une désolation : celle d’un monde en perdition, où l’humanité disparaissait peu à peu. Il se promit que s’il s’en sortait indemne, il changerait de mode de vie et ferait quelque chose pour compenser ses erreurs passées. Finalement, le chirurgien arriva et analysa les résultats. Le diagnostic fut clair : un pneumothorax. Rien de plus grave. La radiologiste avait mal interprété certaines images et s’interrogeait sur la nécessité de refaire les examens. Mais ce n’était pas nécessaire. L’homme, lui, avait imaginé le pire. Comme beaucoup d’entre nous dans un tel moment. Il s’était juré que s’il survivait, il ferait tout son possible pour que ses enfants ne puissent jamais lui reprocher d’avoir laissé une Gaïa malade derrière lui. Cet homme, c’était moi. Et je ne pourrai jamais oublier les larmes qui ont coulé sur mes joues ce jour-là. En quittant l’hôpital, un soir de décembre, j’ai décidé de fabriquer ma première ruche.
Je n’ai jamais réellement gagné d’argent avec mes ruches, car chaque gain était réinvesti. Pourtant, depuis quelques années, la mortalité des colonies a explosé, atteignant même 100% en 2018. Chaque printemps, je reconstitue mon cheptel, mais en 2024, la mortalité a encore grimpé à 90%. J’en porte certainement une part de responsabilité : je pratique une apiculture écologique, sans traitements chimiques, et je nourris mes abeilles avec leur propre miel. Je pourrais, comme beaucoup d’autres apiculteurs, utiliser des antibiotiques et du sucre, mais je refuse, même si cela signifie subir des pertes importantes.
Une colonie coûte environ 150 euros au printemps, et tout dépend de la météo. Si la production est faible, il n’y a pas d’autofinancement. En 2024, la météo a été pluvieuse, et les rares rayons de soleil sont arrivés hors miellée. Chaque année, mes échecs me coûtent environ 3 000 euros, sans compter le travail et les déplacements. Finalement, je travaille et j’investis pour vous, car sans pollinisation, il n’y aurait plus de pommes d’ici cinq ans. Et que mangeriez-vous à la place ? Du rutabaga, peut-être. Des apiculteurs comme moi, il y en a des milliers, confrontés à une mortalité effroyable. Si vous souhaitez participer à la préservation de la pollinisation, je suis ouvert à vos dons. Sinon, pourquoi ne pas échanger quelques heures de salle de sport contre une action humanitaire ou écologique ? En y réfléchissant, beaucoup de passionnés de nature se battent pour que vous puissiez profiter de votre confort encore un peu plus longtemps. Depuis des années, nous vivons dans un déséquilibre chronique, et chaque année, le déficit se creuse, qu’il soit écologique ou financier. À bon entendeur.
Les abeilles sont de véritables sentinelles de la santé des écosystèmes et du maintien de la biodiversité. Mais attention : 75% de la production mondiale de cultures alimentaires dépend directement de l'action des pollinisateurs. Parmi ces pollinisateurs, près de 20 000 espèces d'abeilles, dont environ 850 en France, sont en train de disparaître. Les conséquences de cette disparition sont catastrophiques : des aliments essentiels tels que les fruits, les légumes, les épices, et même le cacao, dépendent de leur travail. Si cette pollinisation venait à s'effondrer, nous assisterions à une flambée des prix de ces produits et à des pénuries alimentaires, particulièrement pour les populations les plus vulnérables. Mais ce n’est pas tout : un tiers des cultures vivrières mondiales dépend des abeilles. Leur disparition signifierait bien plus qu’un simple déséquilibre économique, elle marquerait la fin de nombreuses espèces, y compris la nôtre.
Les abeilles pollinisent plus de 170 000 variétés de plantes qui soutiennent l'ensemble de notre écosystème. Sans elles, toute la chaîne de vie se déréglerait. Nous serions plongés dans un scénario apocalyptique où la nature, déjà affaiblie, s’effondrerait sous nos yeux. Il est urgent, plus que jamais, de surveiller le déclin des abeilles et d’agir pour préserver notre planète avant qu’il ne soit trop tard. Le « sourire sur vos lèvres », je le perçois, mais peut-être que vous oubliez un détail crucial : quel économiste, quel politicien, quel voyant a prédit la fin du monde pour le 16 mars 2020 ? Moi, je n’en connais aucun… Mais peut-être que vous, vous savez de qui il s’agissait ? La vérité, c’est que l’humanité n'a pas besoin de prophéties pour se retrouver au bord du gouffre. Nous créons notre propre catastrophe en ignorant les signes avant-coureurs. Et les abeilles, ces petites créatures fragiles, en sont l’un des avertissements les plus clairs.
À la question universelle et pourtant délicieusement provocante « Combien coûte un con ? », je dois admettre avoir oublié de préciser le tarif durant mon récit trépidant. Pas de panique, j’y remédie, à partir de quand considérez-vous qu’il y a un feu ?.
Personnellement, je pars du principe que là où il y a de la fumée, il y a un feu. Et soyons honnêtes, ce n’est jamais facile de dire à quelqu’un en face ce qu’on pense vraiment. (Surtout quand la fumée vient de son cerveau en surchauffe après une blague qu’il n’a pas comprise.)
Alors, pour trouver la réponse à cette question, pas besoin de calculs savants ou de débats philosophiques interminables : jetez un œil dans votre poubelle. Oui, oui, allez-y. Si vous y trouvez quelque chose... eh bien, le mystère est résolu. 😏 Je vous l'accorde, il faut un peut de matière grise pour comprendre les lignes qui ne se voie pas.
Prochainement épisode 8
Les relations humaines dans la fabrique