Fin de la partie

TRENTE JOURS DE SOLITUDE

Bon, ben me voilà de retour

Hey,

Bon, ben me voilà de retour à la maison, après neuf jours… Pas d’autre choix que d’abandonner. La douleur m’empêchait de marcher. Hier matin, j’ai fait 4 km en 3 heures : la douleur m’empêchait d’avancer plus vite, et un kilomètre de plus était inenvisageable.

Ce matin, je suis allé chez le docteur. Le diagnostic n’est pas une surprise : légère foulure, mais surtout une inflammation aiguë des tendons du pied droit. En conclusion : anti-inflammatoires, crème, compresses froides et repos. Si j’avais continué, j’aurais sans doute fini avec un claquage des tendons… sans parler des séquelles à long terme. Donc les 370 km qui me restaient à faire ne se feront pas ou pas tout de suite.

Pas de regret, ce sont les aléas du parcours. J’ai tout de même un peu d’amertume, car je commençais à apprécier l’alchimie entre la marche, la solitude, le bivouac… sans oublier la gestion de toute l’intendance. Il m’arrivait de changer d’itinéraire pour diverses raisons : chemin impraticable, manque d’eau ou de nourriture. Et en fin de journée, ce n’était pas fini : montage du bivouac, préparation du repas, petite toilette… le plus dur était derrière moi.

Mais comment a fait Forrest Gump ?

Soyons généreux dans mon vécu. N’ayons pas peur des mots : au fond, nous sommes tous pareils, avec les mêmes problématiques que nous avons du mal à exprimer… mais qui peuvent intéresser ceux qui voudraient tenter l’expérience de la débrouille.

Refaisons un remake du passé.

Nous devons tous évacuer les déchets que notre corps produit quotidiennement. Pour des raisons de poids et d’écologie, je n’avais pas emporté de papier toilette — d’ailleurs, je n’en utilise pas non plus à la maison. Mais comment faire en pleine campagne ? Eh bien, avec des feuilles d’arbres ! Ce n’est pas l’idéal, mais ce n’était pas la première fois. Sauf qu’au printemps, les feuilles sont encore petites… Ça fait sourire, mais à force, je me suis surpris à chantonner : “Qui a du caca kaki collé au cucul ?” — fallait bien garder le moral !

Heureusement, de temps en temps, une rivière croisait mon chemin, et j’en profitais. Mais le summum, c’est quand j’ai bivouaqué à côté d’une salle des fêtes. J’ai pu me laver dans les WC pour handicapés, où il y avait un lavabo. Comme quoi, les choses les plus insignifiantes de notre quotidien deviennent le must du lavage intime.

Cela peut sembler anodin… sauf quand vous vous retrouvez seul, au beau milieu de la Meuse, sans rien ni personne autour. Dans ce genre de situation, mieux vaut ne pas se tromper. La débrouille ne suffit qu’un temps, même pour les plus endurcis. La connaissance du terrain devient alors essentielle, même dans un pays comme le nôtre. Sur mes quatre derniers kilomètres, ne pouvant plus avancer, j’ai pris un raccourci. Le terrain semblait correct, mais en réalité, caché par les hautes herbes, le sol était assez accidenté — et cela ne m’a pas arrangé le pied.

Tout est lié à un seul mot : la réussite.

Je ne vous ai pas encore parlé de ma sécurité, mais c’est un sujet incontournable.

Avant de partir, j’avais cette appréhension : dormir seul, isolé. Et puis, au fil du temps, j’ai pris de l’assurance. La peur a fini par s’estomper, remplacée par une méfiance saine et une préparation mentale tournée vers la défense, juste au cas où.

J’avais avec moi un couteau, bien sûr, mais aussi un bâton taillé avec soin, long de 80 cm et suffisamment pointu pour dissuader.

Avant même qu’un danger ne se présente, j’étais prêt à me défendre, sans perdre de temps à réfléchir aux conséquences. Dans ce genre de défi, il faut pouvoir compter uniquement sur soi-même. C’est peut-être là notre plus grande faiblesse : un agresseur n’hésite pas, alors que nous, si.

La plupart des victimes prennent un temps, même infime, pour peser le pour et le contre avant de réagir. Ce laps de temps peut coûter très cher.

Pour moi, cette réflexion était déjà faite. Il n’y avait plus à tergiverser. Être capable de surprendre, voilà l’essence même de la défense.

Il est temps de faire le point sur mon équipement.

Cela pourrait en intéresser certains, surtout ceux qui se préparent à vivre des expériences similaires. Avec le temps, j’ai affiné ma propre distinction entre un vendeur et un conseiller de vente. Dans la vie courante, on utilise souvent des mots à la légère, sans tenir compte de leur sens réel ou de la technicité qu’ils en impliquent.

Pour mon prochain article, je vous parlerai de mon matériel.

Il n'y parait pas, mais terrain difficile.